Les roches de l'Ailly

Voici les roches de l'Ailly. Celles pour lesquelles le phare a été construit.
Elles affleurent à peine ou se trouvent juste sous la surface de l'eau.
Un bateau qui se risquerait trop près de la falaise serait immédiatement déchiqueté par leurs arrêtes meurtrières.

Plus près de la falaise, on les voit encore bien. Certaines sont énormes et n'ont rien à voir avec le calcaire tombé des falaises. Elles sont noires et dures et étaient déjà là il y a 120 ans lors du naufrage du vapeur Victoria qui assurait la liaison Dieppe-Newhaven.

Nous nous sommes promenés le long de ces falaises. Il faisait nuit et une toute petite lune les rendait impressionnantes par éclipses. Le phare promenait son regard sur la mer, houleuse sous la pluie.

D'autres que nous sont venus ici. Ils ont écrit à la craie sur le mur ou ont gravé dans la paroi blanche leurs initiales, des coeurs, parfois leurs prénoms. Il y en a des centaines entre les rangs de silex bleu.

Nous avons laissés d'autres traces, invisibles à celui qui regarde, mais si présentes pour celui qui ressent. Des traces si fortes qu'elles m'ont saisie lorsque je suis revenue prendre ces photos.

Viking, je te dédie ce billet. Tu pars et je reste. Ici, dans le pays de Caux, la mer et le rivage jouent à chaque marée. La mer prend sans cesse des petits morceaux de Normandie et le calcaire blanchit l'eau comme nulle part ailleurs.
Ici, à l'Ailly, plus que nulle part ailleurs, on voit que l'eau et la craie sont intimement mêlés et nous savons que chacun d'eux gardera profondément la trace de l'autre jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de mémoire pour s'en souvenir.

5 commentaires:

  1. J'ai bien reçu ton message, Krn. La mer a été ainsi créée pour s'en aller et revenir.
    J'emporte une poignée de terre de Norvège et le cailloux troué ramassé dans le chemin de l'Ailly.
    Ils me montreront le chemin.

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  2. C'est sur ces rivages que je te laisse, ma petite sirène. La mer me reprend, Krn.

    Difficile d'écrire ce dernier commentaire.
    Alors je laisse le phare de l'Ailly veiller sur cette côte et son habitante au grand coeur.

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  3. Je ne suis pas triste. Je me réjouis de ton bonheur de partir. Pars avec la sagesse d'Odin et la protection de Thor, ton courage et ton expérience feront le reste.

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