Héron, héron, petit patapon
Vous l'avez vu ? C'est un héron. Il pêche.
Il a entendu le petit bruit de l'appareil photo qui l'épiait et il s'envole, passant devant moi en prenant appui sur l'eau, c'est un héron noir.
Encore de la neige
Des branches ont cédé dans les pommiers et les forsythia plient sous le poids des flocons qui se sont accumulés.
Après quelques jours d'averses, la neige atteint une belle épaisseur.
A Canteleu, près de Rouen, les précipitations successives ont même battu des records.
Tant que vous y êtes, profitez en pour regarder les magnifiques photos de ce blog consacré à Rouen et sa périphérie.
Pour information, je me tricote des moufles parce que, mine de rien, l'hiver c'est pour demain seulement.
Paris-Caen
Non, ce n'est pas le nom d'un nouveau gâteau. C'est la ligne de train qui passe sous mon pont préféré. Le voici dans le sens Caen - Paris, avant qu'il neige.
La circulation des trains entre Caen et Paris a été totalement interrompue dimanche matin en raison d'un problème d'alimentation électrique causé par les intempéries à Conches-en-Ouche, dans l'Eure. Trois trains se sont arrêtés.
Pas de courant chez moi, pas de courant non plus sur la voie ferrée à 6 km seulement.
Neige en Normandie
L'électricité est revenue après quelques heures d'absence, nous laissant ce temps de calme et d'écoute de la nature.
Quand on se chauffe au bois, que le piezzo de la cuisinière n'est qu'une allumette et qu'on ne regarde pas la télé, on ne remarque que le courant est coupé que lorsqu'on veut publier sa photo et que la machin-truc-box ne répond pas.
Rien de définitif, la preuve, mon message est passé.
Bonne nuit en Normandie, maintenant, c'est le vent qui s'est levé.
La tour de Thevray
Au détour d'une petite route, une bâtisse dont j'avais déjà entendu parlé mais que je n'avais jamais vu, apparaît.
Il s'agit de la tour de Thevray, érigée au 15ème siècle par Jacques de Chambray, Chevalier, Seigneur de Thevray, Chambellan du Roi, Bailli et gouverneur d'Evreux, en remplacement du château brûlé par les Anglais au début du même siècle.
On accède à la tour, entourée d'eau par un pont levis et des mâchicoulis indiquent sa vocation défensive.
On voit parfaitement ces détails de construction, ainsi que la chapelle sous les toits, sur la représentation ci-contre, une carte postale du début du 20ème siècle provenant du site des archives départementales de l'Eure.
ers 1950, Yonne Jean-Haffen, l'a également représentée dans une de ses oeuvres.
A proximité se trouvait un colombier. Il a disparu.
Ceux qui seraient intéressés par cette tour peuvent visiter cette page du ministère de la culture. Les images s'agrandissent en cliquant dessus. La charpente de la tour est particulièrement impressionnante.
Malheureusement, la tour ne se visite pas. Elle se trouve dans une propriété privée et j'ai du zoomer pour prendre la seconde photo. On peut néanmoins y avoir accès l'après-midi de la journée du patrimoine, en septembre de chaque année.
Sa localisation sur google earth est 48°59'00"N 43°20'00"E.
Douloureuses cicatrices.
Dans mon petit tour de l'actualité, j'ai été interpelée par cet article publié sur le site du ministère de la culture et de la communication.
Ce patrimoine de reconstruction, célébré par l'ouvrage cité, est justement le bât qui blesse le Normand moyen. Le béton qui écrase le centre ville du Havre rappelle à ses habitants que la ville a été détruite à 85% par les bombardements alliés.
La cathédrale Notre-Dame de Saint-Lô est encore aujourd'hui l'objet d'une polémique sur le thème "Faut-il reconstruire ou ne pas reconstruire ?" Je pense prendre le temps de faire des articles détaillés sur ces deux villes martyres de la libération ultérieurement. Je dirai juste ce que j'entends, à savoir que les Normands en ont assez de vivre dans le souvenir de la guerre et du débarquement. Ces étrangers venus par dizaines de milliers voir les plages par où le malheur est arrivé et rendre hommage à des soldats venus saccager leurs villes sans un mot pour leurs morts à eux, rouvrent tous les ans des plaies qu'ils aimeraient voir se refermer avec le temps.
La Normandie a été la région de France la plus durement éprouvée par la seconde guerre mondiale. En 1944, non seulement Le Havre, mais Caen, Saint-Lô, et de nombreuses petites villes et villages ne sont plus que ruines et désolation. Pour déloger les troupes allemandes et leur couper la possibilité de se retirer, ce sont plus de cinq mille tonnes de bombes qui vont être larguées sur les côtes jusqu'à vingt kilomètres dans les terres en une seule journée.Ces bombardements aériens "amis" vont faire plus de cinquante mille victimes civiles normandes et détruire sans discernement routes, ponts, habitations et monuments historiques. Des centaines de milliers de sans-abri resteront sans toit pendant plusieurs années. Les Normands le disent, pour eux ces bombardements n'avaient pas tant pour effet de tuer quelques milliers d'Allemands que de mettre la Normandie à genoux et pour Le Havre, La R.A.F. est clairement accusée d'avoir saboté le premier port français pour éliminer une concurrence gênante pour les ports du sud de la Grande Bretagne. Les ordres étaient d'anéantir le centre ville, ne comportant que des immeubles d'habitation. Un quartier populaire, le plus dense au monde, avec 60 000 habitants. Ce qui a été confirmé par des pilotes.
Dommages collatéraux ou volonté ? On peut réellement s'interroger sur un tel déploiement de forces et d'armes (de destructions massives" comme dirait le gouvernement étatsunien en parlant des autres).
Le littoral normand était, selon Wikipedia, généralement bien informé, gardé par 4 divisions, dont une seule, la 352e division d'infanterie, était de qualité standard. Les autres unités étant constituée d'hommes qui (souvent pour des raisons médicales) étaient considérés comme inaptes au front de l'Est et de troupes étrangères, surtout Russes ou soviétiques, ayant incorporé l'armée allemande plutôt que de devenir des prisonniers de guerre.
Les ardents défenseurs de ce carnage n'ont comme principal argument que d'avoir préféré l'américanisme au germanisme, ça se discute.
Henri Amouroux dans son œuvre "La grande histoire des français sous l'occupation", apporte sa vision sur les séquelles de la bataille de Normandie :
« Pour beaucoup de Français, aujourd'hui, les morts de la Libération ont péri dans les maquis, dans les prisons allemandes, dans les camps, dans les rang de la 2e D.B. ou dans ceux de l'armée de De Lattre. Les Français, ceux de Normandie surtout, longtemps sous le feu, lorsqu'ils n'étaient pas pris entre deux feux, n'occupent qu'une modeste place dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Leurs souffrances ont été effacées par les joies de la Libération et par les horreurs des camps. Et l'image de la grasse, de la riante Normandie, l'a toujours emporté sur la réalité de la Normandie assassinée. »
Je donne également la version du général Dietrich von Choltitz, commandant du 84e corps allemand en Normandie, qui qualifia avec justesse la bataille de Normandie comme un " immense bain de sang"
Il faut dire que les Normands, aux premières loges, ont eu une image moins héroïque des armées alliées. Des études récentes d'historiens ont montré que certains soldats américains se livrèrent à des exactions. Il y eut des pillages et des viols, qui ont cependant été le fait d'individus isolés, et qui n'ont été ni organisés, ni encouragés par le commandement, mais qui n'en ont pas moins laissé des traces. On peut dire ce qu'on veut concernant l'utilité du débarquement des troupes alliées en France. Ce qui ressort des souvenirs de nombreux Normands ayant vécu à cette période est l'inutilité du massacre systématique des civils et l'incompréhension face à ces soldats venus d'ailleurs qui se sont comportés en envahisseurs et non en libérateurs. Ils n'ont pu que faire la comparaison avec l'occupant allemand avec lequel ils cohabitaient depuis longtemps sans problèmes.
Le prieuré de la Sainte-Trinité, Beaumont le Roger
Ces ruines imposantes sont celles du Prieuré de la Sainte-Trinité à Beaumont le Roger.
C'est aujourd'hui une promenade publique que les Beaumontais appellent l'abbaye.
C'est Roger de Beaumont qui décida de son implantation dans cet endroit accidenté, en forte pente, où construire n'a pas du être facile.
Qu'importe, Roger voulait son abbaye là. Entre le mont et la Risle, qui coule à quelques mètres à gauche, derrière une rangée de maisons.
Le terrain a du être soutenu par d'énormes murailles, elles même étançonnées par des piliers massifs en pierre de quinze mètres de haut. Ce qu'on voit sur cette photo est le chemin d'accès à l'abbaye elle-même, entre la muraille et les contreforts.
L'inauguration de l'abbaye avait été fixée au début de l'an 1087, la mort de Guillaume le Conquérant, qui devait assister à la cérémonie de la dédicace la fit reculer.
Roger de Beaumont dota richement la collégiale. Les témoins de l'acte furent Robert Courte-Heuse, fils de Guillaume le Conquérant, Robert d'Harcourt, Roger de Thibouville, Thierry de Launay, Ranulphe de Bigars et autres seigneurs de la contrée.
Le nom de Beaumont le Roger était alors célèbre dans toute l'Europe ainsi que celui du Bec Hellouin, tout proche, dont l'abbaye était fréquentée par les plus grands princes qui venaient y étudier les sciences et les lettres.
En 1135, Raoul de Grosley, chanoine de l'abbaye de la Sainte Trinité, donna à la collégiale l'église Saint Pierre de la Huanière. Voici ce qu'il en subsiste :
En 1142, les chanoines de la collégiale furent remplacés par des moines et la Sainte Trinité devint prieuré dépendant de l'Abbaye du Bec. La donation fut approuvée par une bulle du pape Innocent II.
Le prieuré de la sainte Trinité continuait de recevoir des dons, des rentes et des terres. La liste des donations est interminable. Louis IX passa par Beaumont le Roger en 1258 et afferma aux religieux du Prieuré les vignes sises près du château.
L'archevêque, Eudes Rigaux, visitant le Prieuré le 24 avril de cette même année, y trouva cinq moines qui mangeaient de la viande deux fois par semaine. Il leur ordonna de s'en abstenir. Les moine jouissaient alors de deux mille livres de rentes et de provisions en quantité suffisantes pour tenir jusqu'à la récolte suivante.
En 1307, Philippe le Bel accorda aux religieux du Bec et de Beaumont le privilège de relever directement de la couronne, de transporter, d'acheter et de vendre dans tous le royaume des marchandises exemptes de tous droits. Le fief de Beaumont le Roger avait été donné à Robert d'Artois, son cousin, en compensation de la perte de son héritage, au bénéfice exclusif de sa tante Mahaut. Pour ceux que cette affaire intéresse, elle est expliquée en plusieurs volumes dans l'ouvrage de Maurice Druon, "les Rois Maudits".
En 1790, le prieuré souffrit gravement de la révolution. Les moines disparurent. Ce sont des commerçants de Rouen qui apportèrent des pierres provenant du château du président du parlement de Rouen pour le consolider et retirent les moellons qui obturaient les croisées. A cette époque, une source jaillissait encore aux pieds des remparts.
En 1847, la commune jugeant trop coûteux l'entretien des bâtiments, ils furent adjugés à un marchand de matériaux qui démonta l'édifice sans arrières pensées, jetant aux décombres les dépouilles des moines conservées dans les linceuls de cuir tannés et cousus.
De nombreuses maisons de Beaumont comprennent des pierres provenant de cette démolition.
Un membre de l'Institut, M.Lenormand, dès qu'il en fut informé, arrêta la destruction, malheureusement très avancée en rachetant ce qui restait au nom de la Société des Antiquaires.
Cette gravure représente les contreforts du prieuré de la Sainte Trinité au 19ème siècle. Des maisons à pans de bois étaient logées entre les contreforts.
Les vestiges religieux ne manquent pas dans le coin. La plupart sont oubliés et envahis par la nature. Ainsi, à l'orée de la forêt, du côté du Milan, le Prieuré de Grammont, fondé en 1128 par Robert de Meulan, fils aîné de Roger de Beaumont. Il n'en reste aujourd'hui que quelques ruines, que je compte aller prochainement visiter.
Marmite dieppoise
Parfois, il est difficile de se procurer ce qu'on veut, surtout si on n'est pas près de la mer, ou c'est hors de nos moyens, alors on triche un peu et on met le poisson qu'il est possible de trouver.
Comme pour toutes les recettes normandes, il vaut mieux ne pas être pressé pour réaliser la marmite dieppoise. Prévoyez une heure et demie.
Ingrédients :
Poissons du marché dont vous ferez lever les filets (qsp).
quelques noix de coquilles saint-Jacques
2 grosses crevettes roses cuites et 1 langoustine par personne
1 poignée de moules par personne
beurre
huile d'olive
Sel, poivre
1/2 verre de vin blanc sec
poireau, carotte
15 gr de fécule
40 cl de crème fraîche
fumet de poisson.
Nettoyer les moules et les faire ouvrir à couvert sur feu vif.
Garder le jus des moules, oter les coquilles et les remettre dans leur jus. Mettre de côté.
Couper les légumes en julienne. Mettre les légumes à blanchir jusqu'à ce qu'ils soient attendris, puis les faire suer avec dans une poêle avec un soupçon d'huile d'olive à feu doux. arrêter la cuisson avant que les légumes prennent de la couleur, saler, poivrer. Mettre de côté.
Laver les filets de poissons et les coquilles Saint-Jacques. Tamponner avec du papier absorbant.
Mettre le beurre dans une poêle chaude et faire dorer les filets de poissons à feu très doux. Faire cuire les langoustines. Cuire les Saint-Jacques 1 mn de chaque côté également dans du beurre. mettre tout ça de côté.
Il est temps de faire la sauce.
Dans une casserole sur feux doux, faire fondre une noix de beurre. Ajouter le jus des moules, 2 cuillères à café de fumet de poisson, un demi verre de vin blanc sec et laisser 3 minutes au feu. Ajouter la crème fraîche. Rectifier l'onctuosité de la sauce avec la fécule qu'on délaye préalablement dans un peu d'eau. Ajouter tout ce qu'on a mis de côté, moules, légumes, noix de saint-Jacques, poisson, sauf les langoustines. Mélanger délicatement.
On peut servir dans un plat creux ou préférer des cassolettes individuelles. Décorer avec les langoustines.
Bon appétit.
Chateau Gaillard 2
C'était sans compter avec la folie des hommes.
On voit, sur la photo du donjon, ci dessous, la solidité de cette forteresse, réputée inexpugnable, construit, en une année seulement, par Richard Coeur de Lion pour protéger la Normandie contre le roi de France Philippe Auguste. Parlant de ce nid d'aigle situé à l'est du duché de Normandie, Richard s'était exclamé en le voyant "Oh, que voici un château bien gaillard !"
Son histoire est mouvementée. Il passe, 6 ans seulement après la fin de sa construction, de Jean sans Terre à Philippe Auguste après sept mois de siège.
Marguerite de Bourgogne, petite fille de Saint Louis et épouse du fils aîné de Philippe le Bel, Louis X le Hutin, accusée d'adultère, est emprisonnée à vie dans la forteresse de Château Gaillard. Louis X demande au pape l'annulation du mariage, mais le pape meurt et l'élection de son successeur, seul apte à se prononcer, se prolonge pensant de longs mois.
Comme on devait s'y attendre, Marguerite est retrouvée morte dans sa cellule, ce qui arrange bien les affaires de Louis X, qui se remarie avec Clémence de Hongrie.
Louis X avait déjà une fille illégitime, dont la mère était une lingère.
Plusieurs promeneurs ayant décidé de passer la nuit dans les ruines, auraient aperçu le spectre de la reine. Une enquête est en cours, d'autant que sa sépulture n'a pas encore été retrouvée.
Pendant la guerre de 100 ans, Le duc d'Exeter en fait le siège pendant 16 mois, puis, il repasse à la couronne d'Angleterre avant de revenir aux mains des Français grâce à Henri IV, qui le fait démanteler, donnant les pierres pour la réparation des couvents des Capucins et la construction du château de Gaillon.
Par héritage, il échoit à la famille d'Orléans qui en fait don à l'état en 1852.
Il est classé monument historique.
Une très belle page sur Chateau-Gaillard, avec des photos magnifiques.
Chateau Gaillard, les Andelys
Après quelques virages apparait la haute silhouette de Château Gaillard, perché sur une hauteur qui domine le fleuve et la ville.
L'ascension est dangereuse et réglementée, les sentiers d'accès sont escarpés et le site ne se visite pas entre novembre et avril.
La photo suivante donne une idée de la difficulté d'accès au château, qui n'était possible au douzième siècle que par l'arrière, la forteresse étant construite sur un éperon rocheux à cent mètres au dessus d'une boucle de la Seine.
La suite demain avec un peu d'histoire, et pour patienter, une vue du château sur le fleuve, ICI.
Les deux ours
En Normandie, comme ailleurs, les gens aiment personnaliser leur maison. On voit un peu partout ces meubles de jardin que sont les statues pseudo-grecques ou les faux puits.
On voit moins de ces oeuvres personnelles qui font l'originalité d'un coin de jardin ou d'une entrée.
C'est l'originalité de celle-ci, qui n'est pas sans rappeler l'esprit de la maison Picassiette à Chartres, qui m'a arrêtée à Veules les Roses, en pays de Caux.
Pot de fleur, jardinière, seuil de porte, tout est transformé par les coquillages et la faïence cassée.
Les griffes des ours sont en métal.
J'y suis retournée deux fois. Les volets étaient fermés.
Les roches de l'Ailly
Elles affleurent à peine ou se trouvent juste sous la surface de l'eau.
Un bateau qui se risquerait trop près de la falaise serait immédiatement déchiqueté par leurs arrêtes meurtrières.
Plus près de la falaise, on les voit encore bien. Certaines sont énormes et n'ont rien à voir avec le calcaire tombé des falaises. Elles sont noires et dures et étaient déjà là il y a 120 ans lors du naufrage du vapeur Victoria qui assurait la liaison Dieppe-Newhaven.
Nous nous sommes promenés le long de ces falaises. Il faisait nuit et une toute petite lune les rendait impressionnantes par éclipses. Le phare promenait son regard sur la mer, houleuse sous la pluie.
D'autres que nous sont venus ici. Ils ont écrit à la craie sur le mur ou ont gravé dans la paroi blanche leurs initiales, des coeurs, parfois leurs prénoms. Il y en a des centaines entre les rangs de silex bleu.
Nous avons laissés d'autres traces, invisibles à celui qui regarde, mais si présentes pour celui qui ressent. Des traces si fortes qu'elles m'ont saisie lorsque je suis revenue prendre ces photos.
Viking, je te dédie ce billet. Tu pars et je reste. Ici, dans le pays de Caux, la mer et le rivage jouent à chaque marée. La mer prend sans cesse des petits morceaux de Normandie et le calcaire blanchit l'eau comme nulle part ailleurs.
Ici, à l'Ailly, plus que nulle part ailleurs, on voit que l'eau et la craie sont intimement mêlés et nous savons que chacun d'eux gardera profondément la trace de l'autre jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de mémoire pour s'en souvenir.
Mise au point
Vous ne vous étonnerez pas de trouver de temps en temps des articles issus du défouloir, mais pas toutes à la suite les unes des autres. Je pense particulièrement à la série sur l'histoire du Bec Hellouin qui avait été piratée par des spameurs japonais, mais aussi des photos qui sont des endroits ordinaires, mais qui profitent parfois d'une lumière particulière ou qui m'apparaissent un jour comme différents. C'est toujours la Normandie.
J'y ajouterai des pages d'histoire, car une terre n'est pas faite que de paysages. Elle est faite du sang et de la sueur de ceux qui nous ont précédés dans ces lieux.
Ceux qui me connaissent un peu savent que je n'ai pas de plan établi à l'avance, mais que je vais où le hasard et mes envies me poussent.
A bientôt, donc, mais toujours en Normandie.
Cochon au cidre
J'ai récemment publié un article sur le cochon. S'il vous arrive d'en avoir un morceau, voici une recette pour l'accommoder.
On se procurera les légumes suivants :
- une carotte
- une branche de celeri
- une échalote
- un oignon
- une botte de petits oignons blancs avec leurs queues.
- quelques gousses d'ail
On épluche et on coupe tous ces ingrédients en morceaux. La quantité dépend évidemment de la taille du morceau de cochon qu'on peut avoir.
Pour aromatiser :
- huile d'olive
- thym ou sarriette
- laurier
- origan
- sel et poivre du moulin
- le zeste d'une orange non traitée
Pour mouiller :
une bouteille de cidre brut.
Si le morceau de cochon est important, on adaptera la quantité de cidre, il se peut qu'il y en ait besoin d'une seconde bouteille.
On met un peu d'huile d'olive dans une cocotte en fonte et on y fait transpirer les légumes auxquels on ajoute les aromates, le sel et le poivre en quantité suffisante.
On donne quelques tours de touillette en bois et on retire de la cocotte.
A la place, on met le morceau de cochon, qu'on recouvre du cidre et des légumes.
Laisser cuire à couvert à feu très doux pendant 3 heures.
Retirer la viande et écraser les légumes dans ce qui reste avec un presse-purée de manière à faire une sauce. Retirer le laurier. Si vous l'aimez bien lisse, il est possible de la mixer. adapter la consistance à votre goût en laissant plus ou moins de jus de cuisson avec les légumes.
Cuite de cette manière, la viande est bien tendre.
Des pommes de terre vapeur boiront l'excédent de sauce en restant discrètes au goût.
Cette recette étant sortie de mon cahier personnel, je n'ai pas de photos pour l'accompagner et j'avoue ne l'avoir réalisée qu'une seule fois. Un boucher s'était occupé de découper le cochon, tué par une voiture, contre la moitié de l'animal, ramené dans le camion.
Le cochon
Ce qu'on appelle le cochon, ici, en forêt de Beaumont le Roger, dans l'Eure, c'est ce que tous les autres appellent le sanglier.
Le cochon a cela de particulier qu'il est responsable de beaucoup d'accidents de la route. Il traverse inopinément sans prêter la moindre attention aux voitures qui circulent et il faut parfois une bonne maitrise pour l'éviter.
Il y a de ça quelques années, l'un d'eux, un magnifique mâle, m'a abordé du côté gauche, a emporté mon rétroviseur et rebondi sur mes portières, cabossant ma voiture sur toute la longueur. Je précise que ça ne l'a pas arrêté. Après une cabriole sur la route, il est reparti en courant tout aussi vite. J'ai ramassé mes morceaux et je suis rentrée chez moi.
Certaines voitures ne repartent pas. Je ne poste pas de photos, il y a assez d'endroits sur le web où trouver ces étalages de carrosseries tordues entremêlées des victimes de la collision, car bien souvent, le cochon y laisse sa peau.
Si ça arrive, évitez de faire comme ces inconscients qui croyaient avoir tué un sanglier sur la route et l'ont mis dans leur voiture pour le ramener chez eux. En cours de route, ils se sont arrêtés sur le parking d'un supermarché pour aller faire quelques courses et lorsqu'ils sont revenus, le sanglier, seulement étourdi, s'était réveillé, avait dévasté tout l'intérieur de la voiture et se trouvait toujours à l'intérieur, très énervé.
Celui-ci me surveillait tandis que je prenais des photos du monument élevé à la place de la chapelle Saint Blaise de Sébécourt, en pleine forêt, au mois de mai dernier.
On voit surtout des genêts. Je me disais qu'il allait peut-être s'approcher, alors je me suis installée dans la voiture, mais aussitôt la portière fermée, lorsque j'ai de nouveau regardé au delà de ces genêts, il avait disparu.
Le sanglier se méfie des humains et il a bien raison.
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Mise à jour du 6 août 2018
Considérant le grand nombre de spam en commentaires de cet article, je me vois contrainte de supprimer la possibilité d'en mettre de nouveaux. Merci de votre compréhension.
Poulet vallée d'Auge 2
Le temps est pluvieux, le carburant est toujours introuvable, une occupation dans la cuisine était donc toute indiquée.
Il est maintenant sur la table prêt à être mangé.
Les puristes remarqueront que la crème est à la limite de tourner en beurre. Il y avait un compromis à faire entre la cuisson parfaite du poulet et la consistance de la crème.
Le poulet est mangé, et il était parfait. Je n'ai même pas eu envie de dessert après.
Poulet vallée d'Auge
Il fait partie de la cuisine des jours de fêtes et des dimanches. La cuisson en est lente et de ce fait, le poulet est confit dans la crème.
Pour réussir cette recette, il faut oublier les auto-cuiseurs et préférer les bonnes vieilles cocottes de nos grand-mères. Oubliez aussi les volailles prêtes à cuire des supermarchés, le résultat serait décevant, non seulement au goût mais à la tenue.
Je vous conseille, en outre, une crème fermière bien épaisse. Pas de crème en conserve, pas de crème allégée, pas de crème à fouetter.
Pour cette recette, donc, voici les ingrédients :
- un poulet fermier détaillé en morceaux.
- un kilo de champignons de Paris frais.
- environ 750 cl de crème fraiche épaisse.
- du beurre.
- une pincée de sel.
On commence par les champignons. Ils sont cuits séparément. En effet, ils sont gorgés d'eau et le poulet serait bouillonné et non confit si on mettait tout ensemble.
On choisit des champignons de Paris, jeunes et bien fermes. S'ils sont très sale, on les passe sous l'eau tant qu'ils sont entiers et on les sèche avec du papier essuie-tout. On ôte la partie sableuse du pied et on détaille en morceaux ou en lamelles, comme on préfère.
Dans une poêle, on les fait suer à cru tout doucement sur le feu, sans rien ajouter, pour qu'ils rendent leur eau, c'est assez long. Pendant ce temps, on s'occupe du poulet.
Dans une cocotte, on fait dorer dans du beurre les morceaux de poulet, sur feu vif. puis on fait flamber avec un demi verre de calvados, on ajoute le sel et on retire du feu.
A ce moment, on recouvre entièrement le poulet de crème, puis on remet la cocotte, couverte, sur un petit feu doux de 30 à 40 minutes. Surveillez que la crème ne se défait pas. Elle doit rester homogène. Si des taches apparaissent, le feu est trop fort.
Quand toute l'eau des champignons est évaporée, on ajoute du beurre et on fait cuire à feu très doux. Puis on met de côté.
Pour servir, on met le poulet délicatement sur un plat, entouré des champignons, et on nappe avec la sauce. La photo de ce poulet vallée d'Auge ICI.
Traditionnellement, on n'accompagne cette recette d'aucun légume, les champignons suffisent, mais on peut faire du riz, qui sera délicieux avec la sauce (ou une poignée de haricots verts extra fins si on ne veut pas passer toute l'après-midi affalé dans le canapé à digérer !)
Bon appétit et à vendredi prochain !
La lanterne d'Ailly
Il veille sur les marins qui s'approchent des terribles roches de l'Ailly, et sur les amants qui s'aventurent dans les valleuses main dans la main, ne craignant pas la nuit qu'il déchire de son éclat puissant.
Automne
J'ai d'ailleurs un anorak très voyant, de plusieurs couleurs fluorescentes que je réserve aux promenades d'automne en forêt et qui n'ont rien à voir avec les superbes tons des feuilles en cette saison.
Admirez-les, je vous fais grâce de l'anorak.
Et, en rentrant, quoi de plus sympa qu'une petite flambée dans la cheminée pour se réchauffer ?
Pénurie de carburant
Je ne vais pas prendre position pour savoir qui a tort ou qui a raison. Comme on le sait, c'est un problème épineux et il va falloir que certains fassent des concessions pour que d'autres puissent simplement se nourrir après une vie de travail. Mais ce n'est pas ici le lieu de débat et je ne souhaite qu'une chose, c'est que ceux qui créent la pénurie se rendent compte que beaucoup de secteurs sont touchés par ce manque.
L'infirmière a arrêté d'aller faire les soins à domicile, faute de pouvoir s'y rendre. En cas d'urgence, les personnes âgées isolées qui dépendent de ses visites n'ont même pas la ressource d'appeler un médecin, la pénurie de médecins touche la région depuis déjà bien longtemps.
Les deux dépôts pétroliers de Basse-Normandie, à Caen et Ouistreham sont bloqués. L'accès au dépôt pétrolier du Mans est bloqué par les routiers, en grève aussi et Saint-Pierre des Corps est paralysé. Ce week-end, il n'y avait pas de carburant en Normandie.
Aujourd'hui, 18 octobre 2010, certains supermarchés ont réapprovisionné leurs stations dans les plus grandes villes. Pour combien de temps ? A 18 heures, j'avais la réponse, les cuves ont été vidées en moins de deux heures. Les gens sont fous.
La teurgoule
Je ne prétends pas détenir la vraie recette de la teurgoule, car, comme on dit ici, il y a autant de façons de faire que de familles. Je propose donc cette recette, qui m'a été enseignée par une Normande et qui mérite vraiment son nom de teurgoule, car en normand, la goule, c'est la bouche, et c'est tellement bon qu'on ne peut pas s'empêcher d'y goûter alors qu'elle sort juste du four. On se tord la goule de chaud, mais c'est bon !
Il faut :
1 litre de lait entier.
25 cl de crème entière.
100gr de riz rond.
100gr de sucre, roux si possible.
1 cuillerée à soupe rase de cannelle (une autre version utilise de la vanille, c'est délicieux aussi).
1 pincée de sel.
Mettre tout ce qui est sec ensemble, le riz, le sucre, le sel, la cannelle dans une jatte en grès. On peut aussi prendre un plat en pyrex mais le grès en prenant une partie de la chaleur et en la répartissant assure une cuisson parfaite à la teurgoule. D'ailleurs, il se fabrique des moules à teurgoule, en grès, qui ne servent qu'à ça.
On mélange bien.
Ensuite, on fait chauffer le lait. On y ajoute la crème et on verse sur les ingrédients secs qui se trouvent dans la jatte. On ne remue pas.
La teurgoule se cuit à four chaud à 250° pendant une heure, puis on baisse la température à 120° pendant encore une heure, enfin, on réduit à 60° et on laisse encore pendant 3 heures.
Ce n'est pas un dessert minute, mais ça vaut le détour. Dans les siècles passés, la teurgoule était mise avec le pain, et bénéficiait de la chaleur rendue par le four pendant plusieurs heures.
Bon appétit et à vendredi prochain pour un autre délice normand.
La Confrérie de la Teurgoule et Fallue de Normandie.
Barc, saint Crépin saint Crépinien
L'église est malheureusement fermée, comme d'habitude, sans doute pour éviter les vols, nombreux dans les édifices religieux, l'église catholique n'ayant pas fait voeu de pauvreté.
Il y a quelques années, il y avait une petite croix sur la pointe de la façade ouest. Menaçant de tomber, elle a été démontée. Cette façade est crépie. Une stupidité, car ce crépi, comme tous les crépis, a mal vieilli et donne à ce monument une teinte grisâtre du pire effet. De même, le muret qui entoure le cimetière, a été sablé et les creux bouchés avec du mortier, alors qu'il s'y trouve de nombreux graffitis laissés par les pèlerins. Barc a été des années durant le lieu d'un pèlerinage à saint Benoit.
On mesure mieux l'importance de la tour qui sert de clocher, sur cette vue au soleil couchant. Elle devait être surmontée d'un toit en pierre. Sans doute que les fonds ont manqué, car elle a d'abord été couverte d'un toit à deux pentes, puis par cette petite toiture pointue que nous appelons familièrement le chapeau de clown.
En bas, à droite, une croix de cimetière en fer forgé, classée monument historique.
A sa place, il y a 300 ans, se dressait un if millénaire remarquable.
Deux détails de la tour. Un animal qui semble être un âne et sans doute un musicien.
De nombreux détails parsèment cette église. Tant à l'intérieur que dehors. Ils viendront en leur temps.
Saint Aubert
En 708, Aubert, évêque d'Avranches, vit en rêve l'archange Michel, lequel lui aurait commandé d'aller sur le Mont Tombe, un îlot rocheux au milieu de la baie, et d'y construire un sanctuaire qui lui serait dédié.
Se réveillant, Aubert pense qu'il a juste rêvé, d'ailleurs, il ne se voit pas aller sur le rocher et édifier une église en lieu et place des mégalithes qui s'y trouvent depuis de nombreux siècles.
Le lendemain, malheureusement, Aubert fait de nouveau le même rêve. L'archange insiste. Aubert fait la sourde oreille. Depuis belle lurette, aucune intervention divine n'a eu lieu et ce serait bien le diable (justement, on se demande...) si lui, Aubert, était l'interlocuteur choisi pour un message de ce genre.
Le troisième jour, Aubert reçoit de nouveau la visite de l'archange. Il s'énerve. "ça me troue le c... !" mais comme Aubert est poli, il ne peut pas dire le mot qui commence par c et finit par l qu'on dit dans ce cas là et il s'exclame donc : "ça me troue le crâne !"
L'archange n'attendait que ça. Pour ponctuer sa demande, il pointe un doigt vers la tête du malheureux Aubert qui pris de panique tenta de s'enfuir. Trop tard ! Michel avait enfoncé son index, creusant un trou dans l'os du prélat dont la cervelle se trouvait à présent aérée.
Il va sans dire qu'il n'attendit pas une quatrième nuit et fila sur le Mont Tombe pour y installer à la hâte un sanctuaire dans une grotte jusqu'alors consacré à un culte païen.
Il installa quelques chanoines pour veiller sur le sanctuaire et en octobre 709, une première église est construite.
En 966, des Bénédictins remplacent les chanoines et commencent l'édification d'une abbaye qui sera terminée en 1228. C'est ainsi que les Chrétiens se sont appropriés un haut lieu du paganisme celte pour y asseoir leur culte à Saint Michel.
En illustration, le crâne, dit de Saint Aubert, dans sa châsse.
Normandie
On parle toujours de la Normandie en désignant vaguement une région au nord-ouest de la France entre la Bretagne et Paris.
Administrativement, il y a deux Normandies, la haute et la basse.
C'est une séparation arbitraire et sans délimitation géographique.
Il m'arrive d'aller dans l'Orne ou le Calvados, pas loin de chez moi et je ne vois pas de changements dans le paysage.
Normandie signifie pays des hommes du nord, du norrois nordmaðr, homme du nord, et du suffixe -ie, usuel en France.
C'est un nom qui a été donnée au territoire cédé par Charles le Simple à Rollon à Saint-Clair sur Epte en 911 en contrepartie de l'arrêt des raids et des pillages auxquels se livraient les vikings en Neustrie, ancienne dénomination de la Normandie .
D'abord duché, puis province, la Normandie est restée avec ses limites du dixième siècle. Véritable état dans l'état, les ducs de Normandie n'en faisaient qu'à leur tête et le roi de France n'avait là qu'une autorité théorique qu'il ne cherchait d'ailleurs pas à exercer.
A la révolution de 1789, cinq départements ont été créés. Deux pour la Haute Normandie, l'Eure et la Seine Maritime et trois pour la Basse Normandie, le Calvados, la Manche et l'Orne.
Il s'est passé beaucoup de choses en Normandie, j'en parlerai au fur et à mesure. Pour le moment, je vous laisse avec quelques symboles de la Normandie réunis sur la même image, la mer, des vaches, et une chaumière pour une petite ambiance sympa.
Les phares de l'Ailly
Cette première tour date de juillet 1775, on l'appelle alors phare Vauban, ou encore, phare Pompadour. Il est mis en service le 1er novembre de la même année.
Construit à 156 mètres du bord de la falaise, le phare d'Ailly avertit les marins du danger des rochers du pied de la falaise.
Sa hauteur totale est de 18 mètres, la hauteur de la lanterne est de 5 mètres.
Pendant près de deux siècles, il va veiller sur la sécurité des bateaux qui abordent le port de Dieppe. Le recul de la falaise menace pourtant, si bien qu'une seconde tour sera construite, qui sera dynamitée pendant la seconde guerre mondiale. Puis une troisième sera édifiée, que l'on peut actuellement visiter.
La mer est impitoyable. Les bâtisseurs du phare de 1775 avaient pris du recul, et pourtant, en 1960, le phare est au bord de la falaise. On le croyait impossible à abattre, invincible, éternel. La première tour d'Ailly était l'orgueil des Dieppois et de tous les alentours.
Pendant quatre ans, il résistera, puis s'effritera et finira par tomber au pied de la falaise, vaincu.
En 1968, il a totalement disparu.
Il en est de tout comme de ce phare, et même des hommes. Même ceux qui se sont trouvés un jour les plus forts, les plus glorieux et les mieux aimés, finissent par tomber et nul ne peut rien y changer.