Ce qui frappe le regard en premier, c'est le clocher de l'église et, il faut bien le dire, il est particulièrement déconcertant. La croix signale que c'est un édifice religieux, mais j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de la tour d'une caserne de pompiers. Tout le monde peut se tromper.
Ce bâtiment, occupé par l'église catholique, a été achevé en 1963, c'est l'œuvre de l'architecte Otello Zavaroni.
Le bloc de béton au toit bombé qui ressemble à un blockhaus abrite le chœur et on voit un bout de la nef qui est parallélépipédique.
Ce style extrêmement sobre a, parait-il, été volontairement choisi par l'architecte qui voulait cette église très dépouillée, comme une réminiscence de la guerre.
Les photos qui suivent confirment l'austérité de l'ensemble, église, mairie et salle des fêtes.
Les deux dernières photos mettent en avant l'arrondi du toit, un style inauguré par Le Corbusier.
Cette église moderne remplace l'ancienne église saint Martin, détruite le dimanche 13 février 1944 par une formation de 17 avions B17 de l'US Air Force qui ont lâché des tonnes de bombes sur le centre de cette petite ville sans intérêt stratégique.
J'y ai rencontré deux paroissiennes qui ont vécu le bombardement étant adolescentes. Elles se souviennent bien de la stupeur qui a saisi les habitants devant les ruines. De l'église, des halles, des commerces, de l'école de garçons, de la poste et des nombreuses habitations du centre ville, il ne restait plus rien que des décombres. Vingt et une personnes, toutes civiles, ont péri ce jour là. Victimes de guerre, elles ont leur nom sur le monument aux morts de la commune.
Eglise saint Martin, 16ème siècle, et les halles. |
Certains ont émis l'hypothèse que des rampes de V1 situées à une vingtaine de kilomètres, en forêt auraient pu être l'objectif initial. Ce serait vraiment prendre les pilotes des forteresses volantes pour des bleus. Même de très haut, je suis certaine qu'on peut faire la différence entre une église et une forêt. D'ailleurs, mes deux sympathiques interlocutrices n'y croient pas non plus. Elles doutent avoir un jour une explication plausible et je ne leur ai pas fait part de ce que je pense réellement des pseudo-libérateurs de la Normandie.
On n'a vraiment pas envie d'entrer et c'est un tort car tout est là. Un mur de vitrail coloré illumine l'intérieur et contraste avec la sévérité du lieu, et d'autres fenêtres de taille plus modeste mais tout aussi rayonnantes parsèment les autres murs.
Il faisait gris et c'était déjà magnifique. J'imagine que lorsque le soleil est au rendez-vous, c'est encore plus beau. En voici un aperçu :
Je suis restée enchantée par cette visite, malgré une première impression négative et je me plais à imaginer que ce contraste est voulu. Il me reste à deviner pourquoi l'entrée parait être celle d'un local à poubelles.
Krn.
J'ai participé à la réfection des vitraux, en tant qu'élève architecte d'Otello Zavaroni, aux Beaux Arts. De petits groupes de ses étudiants étaient invités à collaborer, et nous nous coupions souvent avec le verre; un grand pan de papier blanc pendait au mur, constellé de petites tâches de sang, nous y apposions notre main après nous êtes coupés, et il y était écrit avec humour 'a donné son sang pour Foucarmont".
RépondreSupprimerMerci pour cette sympathique anecdote. Ces vitraux sont réellement l'œuvre majeure qui donne toute sa beauté à cette église.
SupprimerBonjour, je suis ravie de découvrir votre commentaire. Je suis architecte et m’intéresse à cette église pour une future restauration. Vous pouvez me contacter via mon site internet. Je serai très intéressée d'échanger avec vous. Cordialement
SupprimerVirginie Leca